Les séparations familiales répétées peuvent renforcer les comportements addictifs en structurant un système relationnel autour de la perte. Lors du webinaire de janvier 2021 de LACT, Nathalie Duriez analyse ces dynamiques et propose une approche systémique pour briser ces schémas. Comprendre l’impact des ruptures permet d’accompagner ces familles vers un attachement plus sécurisant et une reconstruction émotionnelle.
Guide formation


Dans le cadre des addictions, comprendre la dynamique des séparations familiales répétées et les ruptures est essentiel pour aborder les comportements addictifs qui s’installent comme des solutions de survie émotionnelle. Nathalie Duriez, thérapeute familiale au Centre Monceau à Paris, explore cette problématique en se basant sur une approche systémique, qui permet de mettre en lumière la façon dont les familles affectées par l’addiction s’auto-organisent autour de la perte et de la souffrance.
Les systèmes familiaux et l’attraction de la perte
Pour Nathalie Duriez, la répétition des séparations et des ruptures devient un élément structurant de certaines familles, les amenant à se figer autour d'une souffrance commune. Cet élément constitue ce que Salvatore d’Amore nomme un « système relationnel endeuillé ». En d’autres termes, ces familles se stabilisent autour de la perte, qui devient l’attracteur central de leur fonctionnement, guidant ainsi les interactions et les comportements. Dans cette perspective, la menace de rupture influence considérablement les modes de communication familiaux et agit comme une force d’attraction qui organise le système familial.
L’auto-organisation et les transactions addictives
Le concept d’auto-organisation, qui puise ses racines dans la cybernétique et les théories du chaos, est un processus par lequel un système développe des structures et des comportements sans intervention extérieure directe. Selon Nathalie Duriez, les familles affectées par des comportements addictifs suivent une dynamique auto-organisée autour de la perte et de la rupture. L’addiction devient alors une réponse organisationnelle, un moyen de gérer la souffrance, et une réponse quasi naturelle pour les membres de ces familles, souvent sous l’influence de scripts répétitifs et de mythes familiaux.
Exemple clinique : la famille de Solène et David
Pour illustrer ce processus, N. Duriez présente le cas de Solène et David, deux enfants séparés de leur mère Valérie durant son traitement pour une addiction à l’héroïne. La complexité de leur histoire familiale, marquée par des dépendances générationnelles (valium, alcool, héroïne), crée un contexte émotionnel instable pour les enfants. Privés d’un environnement sécurisant, ils développent une sensibilité aiguë à la séparation, un terrain propice à des conduites addictives ultérieures. Le système familial dysfonctionnel s’auto-organise ainsi autour de la notion de perte, où la rupture devient une stratégie de régulation émotionnelle face au conflit et à la souffrance.
La perte ambiguë : un facteur de risque
La notion de perte ambiguë, telle que développée par Pauline Boss, prend une signification particulière dans ce contexte. Dans ces familles, les parents sont physiquement présents mais psychiquement absents en raison de leur dépendance. Cette présence-absence crée une confusion et une instabilité affective pour les enfants, les privant d’une base sécurisante et les exposant à un risque accru de troubles émotionnels et de dépendances. La douleur d’une perte non résolue crée un stress persistant, renforçant la vulnérabilité des enfants à la répétition des schémas de rupture et de dépendance.
Les limites floues des systèmes familiaux addictifs
Nathalie Duriez décrit les familles affectées par des dépendances comme des « systèmes flous », où les frontières familiales sont confuses et mouvantes. Ce manque de clarté relationnelle empêche l’expression de la subjectivité individuelle et impose une loyauté familiale contraignante. La différence n’est pas tolérée, et la dépendance émotionnelle devient la norme, nécessitant une constante harmonisation pour éviter les ruptures. Dans un tel environnement, les membres de la famille ne peuvent exprimer librement leurs émotions sans risquer de provoquer une nouvelle séparation, ce qui alimente une souffrance collective et perpétue les conduites addictives.
Vers une clinique des addictions sensible à la perte et à la séparation
Comprendre la dynamique de la perte et de la séparation est crucial pour intervenir dans ces systèmes familiaux. Le thérapeute doit travailler sur cette dépendance émotionnelle et cette sensibilité à la perte pour favoriser une reconfiguration du système familial. En intégrant une approche systémique, il est possible d’aider ces familles à dépasser la logique de la répétition et à se libérer des transactions addictives, pour permettre à chaque membre de retrouver un espace d’expression et de croissance personnelle. La clinique des addictions gagne ainsi à s’ouvrir à une compréhension systémique de ces dynamiques familiales, afin de mieux soutenir les familles dans la reconstruction de frontières claires, d’un attachement sécurisant et d’un espace pour l’expression personnelle en dehors de la répétition de schémas douloureux.
Où se former à l’approche systémique et stratégique?
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- Formation systémique généraliste
- DU clinique de la relation avec l‘université de Paris 8
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